Si nous étions privés de langue et de voix, et que nous voulussions nous désigner mutuellement les choses, ne chercherions-nous pas à nous faire comprendre, comme les muets, au moyen des signes de la main, de la tête et de tout le corps ? Socrate
L'homme a depuis toujours usé de gestes, de mimes, d'expressions faciales, de signes ou même utiliser ses mains et doigts pour représenter des lettres dans le but de se faire comprendre. C'est au XVIe siècle avec Pedro Ponce de León, un moine espagnol bénédictin, que commence véritablement l'enseignement de la langue des signes pour les sourds. S'en suivra de nombreuses années de discussion entre deux courants portés par les oralistes (basé sur la lecture labiale entre autres) et les signants pour assoir les fondements de la langues des signes. La tâche fût d'autant plus périlleuse que les personnes atteintes de surdité ont longtemps été considérées comme des simples d’esprit.
L'abbé Charles Michel de l'Epée au XVIIIe siècle fonde l'Institut National des Jeunes Sourds à Paris où y est enseignée la langue des signes française (LSF) auprès des enfants sourds. Au XXe siècle, l'américain William Stokoe obtient une légitimité auprès de la communauté sourde pour ses travaux menés qui participent à la reconnaissance de la langue des signes comme une langue à part entière. En France, c'est la loi Fabius, votée en 1991 qui reconnait la langue des signes comme une langue à part entière.
Les langues des signes (LS) sont aussi variées que les langues parlées. Il existe autant de langues des signes que de communautés différentes de sourds. Une langue des signes possède son histoire, ses unités signifiantes et son lexique. La communication entre deux personnes utilisant des langues des signes différentes est complétement possible. L'ensemble des langues des signes possèdent de grandes similarités syntaxiques et reposent sur l'existence de structures iconiques qui se caractérisent par l'absence de signes standards (différents pour chaque langue). Les langues des signes sont en effet nées de la transfiguration de l'expérience humaine du monde.
Comment fonctionne les langues des signes ?
La langue des signes désigne le langage gestuel utilisé par les personnes sourdes ou malentandes afin de communiquer. Elle comporte un alphabet, des mots et des signes. L'alphabet est dactylologique et sert à représenter des lettres et non des mots entiers. L'utilisation de cet alphabet se fait lorsqu'un mot ne peut être désigné par un signe propre. Ce mot est alors tout simplement épelé.
La LSF possède un lexique de signes exprimant des mots. 4 types de signes existent :
- Les signes iconiques : représentation mimétique. Ces signes sont généralement compréhensibles par tous y compris les personnes entendantes.
- Les signes inspirés du français : certains mots ne sont pas systématiquement mimés mais intègrent la dactylologie de la 1ère lettre de ce mot
- Des signes inventés : ont défini un mot en se basant sur une caractéristique qui lui est propre
- L’usage de l’alphabet dactylologique.
Ce lexique varie constamment puisqu'il s'adapte aux nouveaux modes de vie, aux nouvelles utilisations comme avec l'arrivée du digital par exemple.
La LSF possède sa propre syntaxe, sa propre grammaire et n’est pas une traduction pure et simple du langage parlé français. Dans la langue française parlé la phrase est structurée ainsi "Sujet + Verbe + Complément" tandis que la LSF utilise cette structure "Temps + Lieu + Sujet + Action". Pour représenter le temps, le locuteur positionne son récit dans l’espace. La ligne du temps est perpendiculaire par rapport à son corps. Le passé est dans son dos, le présent au niveau de son corps et le futur est devant lui.
L'expression corporelle est capitale pour discuter en langue des signes : les doigts, mains, le mouvement, l'emplacement, les expressions du visage contribuent à se faire comprendre de son interlocuteur.
La langue des signes est certainement l’une des langues les plus parlantes qu’il existe.
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APPRENTISSAGE DE LA LANGUE DES SIGNES
La langue des signes est pratiquée par environ 100 000 à 200 000 personnes. Il n’est pas rare que des personnels soignants se retrouvent donc en présence d’une personne soignée sans avoir de traducteur. Pour les professionnels de santé, il s’agit d’adopter la bonne attitude ainsi que le bon langage et donc de pouvoir avoir un dialogue simple mais précis avec les personnes sourdes et malentendantes.
APPRENTISSAGE DE LA LANGUE DES SIGNES FRANCAISE
Pour les Assistants maternels, il est important de savoir accueillir au mieux les enfants malentendants et leurs familles. Ces professionnels doivent être en mesure de faire face à des situations de communication simples dans le cadre de leur activité professionnelle (ex : se présenter, parler de leur métier, réaliser le 1er entretien, expliquer une journée d’accueil, proposer des activités, rendre compte de son activité…)